C’est indéniable, les publics internes ont changé : ils rient au nez du sentiment d’appartenance « à la papa », mais continuent à se jeter sur les photos de pot de départ des plus anciens. Ils boudent l’intranet, mais rechignent à s’emparer du réseau social interne. Ils consomment en interne l’information externe, mais pas l’information interne à l’extérieur. Ils attendent des incitations à s’engager, agir, créer. Ils veulent fabriquer de leurs mains ce quelque chose en plus qui fait « qu’on aime sa boîte », « qu’on s’éclate » ou « qu’on s’y retrouve » selon les profils, mais ils attendent des signes pour y aller. C’est un défi passionnant pour le métier de la communication interne : faire en sorte d’installer progressivement une stratégie d’engagement plutôt que d’appartenance. Comment s’y prendre ?
Allons-y ensemble, en commençant tout simplement par quelques fondamentaux de bon sens. Tout d’abord, décentrons-nous des solutions. La bonne façon d’engager davantage n’est sûrement pas d’ajouter au millefeuille d’outils existant. Renvoyons donc provisoirement dos-à-dos les outils print, web événementiel et autres hackatons. Hop, table rase et changement de point de vue !
Ensuite, posons nous LA question : pour qui bosse la com interne ? Pour quels « vrais gens » ? La formulation est triviale, mais y répondre précisément est essentiel, car on n’engage pas « l’interne », qui est un concept ; on engage des femmes, des hommes, des collectifs qui ont chacun un vécu, un métier, une relation à leur entreprise, des besoins, des craintes, des idées. Identifions et nommons ces populations, et choisissons celle qui sera notre cœur de cible pour en faire le futur « juge de paix permanent » de nos actions futures.
Enfin, repartons « juste » du sens. Le sens, c’est ce qui fera que nos collaborateurs auront envie de raconter avec plaisir à leurs amis un samedi soir à l’apéro leur boîte, sa clientèle, son offre ses défis. Le sens, c’est un salarié qui rapporte à la maison son magazine interne : dans 99 cas sur 100, ce sera parce qu’il est cité, voire en photo dans ce numéro qui relie son action à l’institution. Le sens, c’est l’histoire qui relie les actions individuelles à la stratégie de l’entreprise. C’est les liens que les collaborateurs peuvent eux-mêmes construire entre leur action et la stratégie. Et dans notre entreprise, quel est le sens et comment s’exprime-t-il ?
Nous aurons alors (re)défini quel sens donner à l’engagement de notre collaborateur juge de paix. Dès lors, nous avons les bases pour imaginer un nouveau rôle de la communication interne : des outils et contenus d’information « traditionnels » seront complétés de dispositifs humains qui favoriseront la production d’idées, la co-construction : rencontres, boîtes à idées, challenges d’innovation, journées participatives, réseau social… Ce sera une nouvelle communication interne à accompagner en termes de compétences et de processus, qui sera peut-être rebaptisée dynamique interne. Ou pas ! Car les vocables ont la vie dure et ce n’est finalement pas le sujet le plus important. Ce faisant, cette fonction, aussi hybride que joyeuse, aura peut-être réussi à faire bouger un peu quelques lignes. Elle aura dans tous les cas contribué à augmenter la valeur humaine de l’entreprise.
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